Pour introduire
Les images publiées sous ce texte sont des documents scannés; ces derniers sont issus d'un projet commencé en 2005. À cette époque j'étais encore étudiante en Arts Plastiques et de ce fait je devais répondre à un sujet donné par l'un de mes professeurs : « perturber le sens ». Lorsque l'on évolue dans le milieu créatif, ce genre d’énoncé s'entend comme une alternative à « je m'en branle, rendez-moi ce que vous voulez, je prends même les vieux rideaux ».
Hormis une date de rendu, il n'y avait pas d'autre d'impératif ; une absence de contraintes qui offrait la possibilité d'orienter le sujet selon une problématique davantage personnelle. Plutôt sensible à la création lorsqu'elle intègre l'absurde ou l'incohérence, je souhaitais que ma réponse au sujet en soit également imprégnée. Assez naturellement, l'échange entre individus devenait l'axe de recherche autour duquel s'articulait mon travail. J'avais décidé de créer une interaction entre des inconnus et moi. La passante, le mec en pause clope ou simplement « le gars là », étaient les types de personnes vers lesquelles j'allais. Je préférais m'entretenir seule avec eux afin qu'ils prêtent plus d'attention à ce que j'allais expliquer. Ce que je proposais était simple : munie d'une enveloppe pré-timbrée sur laquelle j'avais inscrit mon nom ainsi que mon adresse, je demandais aux individus rencontrés dans la rue s'ils pouvaient me la retourner. Le choix de ce qu'ils glisseraient à l'intérieur leur appartenait. Je n'imposais ni délais, ni signatures, ni formats, il fallait uniquement que cela puisse tenir dans l'enveloppe et ne dépasse pas un certain poids.
Évoquer, ici, la diversité des réactions lorsque j'amorçais une discussion serait inutile car vous pouvez aisément les imaginer (refus, incompréhension et high kick). En réalité, mon intérêt s'était fixé sur les "retours" de ces brèves rencontres. Je voulais découvrir ce qu'on peut transmettre ou écrire à quelqu'un que l'on ne connaît pas, qui ne vous connaît pas non plus et qui serait dans l'incapacité de pouvoir vous identifier une fois qu'il aura réceptionné votre courrier. De là , j'ai considéré qu'il n'y avait pas de confidentialité et que ma réponse au sujet serait cette collection d'écrits.
Depuis, je n'ai pas arrêté complètement ce projet; je le poursuis quelques fois. Je ne m'impose pas de fréquence pour distribuer mes enveloppes; il m'est même arrivé de ne pas en remettre pendant plusieurs années.
Ci-dessous un très bref aperçu de mes réceptions.
(recto)
(verso)
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